En compagnie de Chenier

septembre 28th, 2011 § 0 comments § permalink

Quelques dernières images en compagnie de Chenier…

 

photo: janick rousseau

 

photo: janick rousseau

 

Troquer le pape pour Chenier

juin 6th, 2011 § 1 comment § permalink

N’ayant pas réussi à me rendre sur Jean-Paul II, je me suis repliée sur Chenier. Je vous épargne les détails de mes négociations auprès de l’Église Our Lady of Czestochowa sur la rue Hochelaga afin d’essayer d’obtenir l’autorisation d’intervenir sur le monument de Jean-Paul II. Honnêtement, je préférais de loin aller me coller à Chenier.

photo: pablo guay

photo: pablo guay

Ce que je n’avais pas anticipé par contre, c’était la minceur de sa constitution. Il s’agit d’un monument construit en feuilles de cuivre. Lorsque j’ai posé mon pied près du sien, le personnage a vacillé légèrement, ce qui a donné le ton à la prochaine heure que j’allais passer en sa compagnie.

Les deux choses qui m’ont le plus marqué durant cette heure sur Chenier, à part l’effort physique monumental que ça m’a demandé, les vertiges occasionnels et la chaleur torride qui s’emparait de moi (quelqu’un m’a dit qu’il faisait 21 degrés, j’aurais cru qu’il en faisait 31), est en premier lieu l’odeur du monument, difficile à décrire mais prégnante, et la vue imprenable sur la ville dont il jouissait.

Au sujet de l’odeur, j’avais déjà remarqué une sensation particulière lorsque je me suis approchée de Vauquelin. Évidemment les matériaux sentent, respirent, dégagent une odeur. Quand tu as le nez collé dessus, ça devient inévitablement une expérience olfactive . Les odeurs des différents monuments ne se ressemblent pas, un peu comme pour les humains. Mais l’effluve d’un lieu, d’un personnage accentue et imprègne notre expérience de celui-ci.

Pour la vue sur la ville, je me suis dis qu’il était chanceux d’occuper cet espace, haut perché au coeur de la vielle ville, pouvant admirer les va-et-vient des travailleurs et travailleuses sur les multiples chantiers de construction à ses pieds, les toits escarpés du Vieux-Montréal, prenant le pouls de la circulation dans tous les sens. C’est révélateur à quel point les perspectives changent lorsque l’on monte à la verticale sur une surface, le point de vue du niveau des yeux de ce monument (14 pieds) donne accès à un tout autre paysage qu’au niveau du sol; il entre-ouvre à de nouvelles possibilités…

Brandissant des drapeaux reconfigurés composés de harfangs des neiges, de talons hauts et de cornets de crème glacée, je dois dire que l’intervention a duré aussi longtemps qu’il m’était physiquement possible de continuer. À un moment où j’étais accotée contre le bras du personnage, où on sentait les vibrations du vent qui traversaient le monument, je me suis imaginée tombée au sol avec un bout de bras arraché, monument brisé, corps fracturé. J’ai remarqué que le mousquet de la statue, une genre de carabine, avait déjà foutu le camp, partie, disparue et j’ai compris que ce monument était fragile, que les monuments ne sont pas inébranlables, que la matière n’est pas infaillible et que la chute de ce corps, sous le poids du mien, pourrait m’entraîner vers un triste sort. Assoiffée, épuisée, les muscles raidis, j’ai demandé qu’on me rapporte l’échelle. La performance avait durée une heure. Je suis redescendue.

 

photo: pablo guay

 

Merci à Myriam Jacob-Allard pour sa participation, à Pablo Guay et à Janick Rousseau pour la documentation.

 

Une heure sur la reine

mai 24th, 2011 § 1 comment § permalink

J’espérais passer une heure juchée sur la reine Victoria durant cette troisième intervention, mais après coup j’ai réalisé que nous avions plutôt passé une heure sous la reine, je veux dire littéralement juste en dessous de sa robe et de ses pieds. Après avoir couraillé la ville pour tenter d’obtenir la nacelle que j’avais réservée à Repentigny (nacelle: bras mécanique qui nous aurait déposé dans les bras de la reine, ou sur son dos, ses épaules, son nez), on est revenu au monument les mains vides, à cause d’un détail technique malencontreux: il manquait deux pouces derrière la boule du camion loué, pour que la nacelle puisse prendre les tournants de la route avec nous.

À 19 heures on est monté sur le monument, on a brandi nos drapeaux et malgré les orages prévus et les risques de pluie il faisait encore beau, avec un vent vigoureux idéal pour la flottaison les drapeaux. Un autobus de visites guidées est passé, puis il est repassé, et repassé encore, puis une quatrième fois. Les gens à bord ont pu voir l’évolution de l’intervention en quatre temps. C’était un genre d’autocar nolisé, j’ai pas trop compris où il s’en allait ni ce qu’il faisait. Peut-être les gens à bord avaient-ils acheté des billets pour venir assister à notre intervention en toute quiétude ? Des sièges de luxe à l’abri des intempéries?

photo: helena martin franco

Nous avons vu défiler beaucoup de gens épars, des voitures et des personnages à cravates, certains qui s’intéressaient à l’action, essayant de la capturer à l’aide de leur téléphone cellulaire, d’autres qui regardaient leur montre d’un pas pressé. Nous avons entendu d’innombrables klaxons d’enthousiastes retentir, dont un chauffeur d’autobus de la ville qui s’en est donné à coeur joie.

Il y a quelques jours je me suis rappelée que le jour des Patriotes était aussi le jour de la fête de la reine au Canada anglais. La reine Victoria du Royaume-Uni, puissante figure impériale et grande colonisatrice, aurait eu 192 ans cette année. Si cette statue pouvait s’animer je crois qu’elle se demanderait ce qu’elle fait encore ici. On a tenté de la questionner à ce sujet, à l’aide de drapeaux du Québec re-configurés, débarrassés de ses fleurs monarchiques, présentant plutôt des iris versicolores, des bleuets, des mésanges, des poutines, des coeurs gais. Elle est restée là, immobile, bouche-bée, tout au long de l’intervention. La jeune reine, immortalisée en bronze à 18 ans alors qu’elle accéda au trône, domine le square, inébranlable. Un peu après 20h on a dû quitter les lieux à cause de la pluie. Elle est restée.

photo: helena martin franco

Merci à Mihee-Nathalie Lemoine, Myriam Jacob-Allard, Johanne Whitmore, Marc-André Charron, Emmanuel Estérez et Felix von Geyer pour leur participation et à Florence S. Larose, Helena Martin Franco et Janick Rousseau pour la documentation.

photo: helena martin franco

 

Intervention no 2 sur le monument à John Young

mai 14th, 2011 § 0 comments § permalink

Sortez d’ici qu’on puisse passer à d’autre chose… Non mais on est vendredi 13 là…

C’était les mots du gardien de sécurité en chef qui voulait nous voir disparaître du lieu de l’intervention au plus C.

photo: helena martin franco

Puis j’ai fait le lien entre le vendredi 13 et notre échelle de 12 pieds, le vieux-port, les gardiens de sécurité, et la colonie d’hommes et de femmes à cravate qui s’affairaient autour de nous. 4 plaintes en 3 minutes, avant même que nous n’ayons vraiment commencé l’intervention. On m’a dit que la police était en route. La police?! Rencontre typique lors de ce type d’intervention. En commençant à monter l’échelle, on s’attendait à la voir arriver.

Marc-André s’était joint à nous, un véritable spider-man, il a escaladé le monument avant même que je me rende au troisième barreau de l’échelle. L’action fut donc brève, une petite demie-heure, puisque rapidement la sécurité (et non la police) est venue nous avertir que la société du vieux-port, qui gère ce monument, était une instance fédérale qui ne nous avait pas donné l’autorisation d’opérer sur son territoire. Étrangement, le Bureau d’art public ne nous avait pas informé de ce détail.

Il est à noter que le gardien de sécurité en question conduisait un petit caddy bleu, comme si le vieux-port était un énorme terrain de golf.

Fin abrupte donc, et soupirs de soulagement des patrons de la société du vieux-port qui nous observaient de leurs fenêtres lorsque nous avons mis fin à l’action.

Retour en force le 23 mai! Sur le monument à la reine victoria. Pour le jour des patriotes.

photo: helena martin franco

photo: helena martin franco

photo: helena martin franco

Merci à Myriam Jacob-Allard, Emmanuel Estérez et Marc-André Charron pour leur participation, ainsi qu’à Florence S. Larose, Helena Martin Franco et Janick Rousseau pour la documentation.

 

Intervention no 1 sur le monument à Vauquelin

mai 14th, 2011 § 0 comments § permalink

Les trois soirs qui ont précédé ma première intervention, je suis allée rendre visite à Vauquelin pour mieux faire connaissance et pour visualiser comment nous allions concrètement nous rendre jusqu’à lui – comment nous allions accéder au personnage dans toute sa hauteur élégante et l’occuper littéralement pendant le temps de la performance. Au contraire de plusieurs de mes interventions précédentes, cette série d’actions comporte plusieurs contraintes, comme celle de ne laisser aucune trace et le fait que nous ne pouvons rien accoter sur les monuments. Dare-Dare ayant obtenu l’aval du Bureau d’art public, celui-ci impose certaines règles quant aux paramètres et au déroulement des interventions. Le bon côté de la médaille c’est qu’on ne se fera pas arrêter par la police, ni donner des coups de matraques comme ce fut le cas lors d’une intervention performative (The World is Full of Boxes) à la place rouge à Moscou en juillet 2006.

photo: virginie jourdain

photo: virginie jourdain

photo: virginie jourdain

Merci à Pascaline Knight et Emmanuel Estérez pour leur participation, ainsi qu’à Virginie Jourdain, Helena Martin Franco et Janick Rousseau pour la documentation.

 

Noémi McCOMBER

mai 3rd, 2011 § 0 comments § permalink

Nouveaux drapeaux pour vieux monuments
Du 1 er mai au 4 juin 2011